GOLNAZ BEHROUZNIA

WIKTORIA

Vies Nouvelles

21.03.2024 - 27.04.2024

Communiqué de presse

L'exposition Vies Nouvelles réunit, pour la première fois, les œuvres des artistes Golnaz Behrouznia et Wiktoria afin d’explorer notre lien avec les cycles de la nature souvent oubliés, et de la lumière qui anime toute structure de vie.

Golnaz Behrouznia présente une installation, des dessins et une sculpture qui émanent d’un ensemble de recherches initié depuis plus de dix années et qui répertorie des formes et des entités énigmatiques, où s’opèrent des allers-venues entre notions scientifiques et propositions artistiques. Ses créations tentent de faire écho aux modélisations morphogénétiques du vivant.

L’installation de Wiktoria emprunte à la Terre des matériaux récupérés au gré de ses déplacements qu’ils soient bruts et façonnés par les éléments, ou modifiés par l’homme. Les visiteurs sont invités à interagir avec la sculpture dans la continuité du travail de recherche sur l’esthétique et l’art haptique de l'artiste. Photographies sculptées et images radiographiques réinventées complètent sa proposition et remodèlent les liens que nous avons perdus avec la nature dans le monde moderne. 

Toutes deux placent l’intérêt du vivant et la création de nouveaux mondes au centre de leur travail.

En entrant dans la galerie, l’installation de la série Photosynthèse de Golnaz Behrouznia présente de nouvelles entités organiques. Chaque lé convoque une phase de développement et de croissance d’un biotope imaginaire, graphique et formel. La lumière qui les traverse évoque le cycle de photosynthèse à partir duquel le vivant crée de la matière organique. L’installation aérienne constituée de plusieurs tranches permet d’avoir une réalité multidimensionnelle au sein de l’espace dans laquelle naît une logique autonome des corps et de micro-organismes. Le papier translucide, comme une aile de libellule, leur donne une matérialité, un corps qui leur permet d'apparaître face à la lumière.

Dans l'alcôve, l’installation Flow de Wiktoria a été spécialement imaginée pour l'exposition. La structure mobile et souple questionne la re-connexion entre notre développement et la destruction de la nature. Les figures qui se détachent sont taillées dans des pierres de craie récupérées sur le littoral de la côte d’Opale. Composées de sédiments marins de plus de 160 millions d’années, elles puisent leur texture dans la décomposition des corps organiques. Elles révèlent des cycles de vie et de mort souvent oubliés sur lesquels l’artiste vient tailler dans le négatif des visages minimalistes. Les figures, tels des totems, sont reliées par des structures filaires en métal récupérées des pipelines sous-marins de la Manche. Ces derniers sont les artères cachées de notre essor à l’origine des problématiques géopolitiques et économiques actuelles. L’installation Flow révèle ainsi la cartographie des lignes vénales témoins des échanges des énergies fossiles entre les hommes et les territoires.

Dans la série Mitose de Golnaz Behrouznia, les panneaux en bois peints en proliférations de formes à la surface d’un même mur, développent un travail en lien avec la capacité d’expression des matériaux, envisagés à la fois comme support mais aussi comme milieu. Chaque morceau de bois contient sa propre entité, tantôt dans la lecture linéaire d’un même développement, tantôt dans la sporulation d’une forme mère, donnant alors lieu à une multitude de nouveaux organismes. 

Les séries Pelvis et Herbarium de Wiktoria questionnent notre relation au monde du végétal. L’artiste parle d’une “amnésie humaine du monde végétal”. “Nous vivons au milieu des plantes et pourtant nous ne les voyons pas, ou nous n’y prêtons pas attention”.

Pelvis est un fantasme de fusion complète avec la nature. Les radiographies de bassins et colonnes vertébrales de femmes sont envahies par des plantes médicinales: Lamium purpureum, Medicago lupulina ou encore Vicia. Les images mouvantes et emblêmes de la fertilité féminine, dessinent des parties intimes de corps où le végétal s'inscrit avec force et persistance malgré les formes délicates des plantes. Dans cet entremêlement symbolique, la peau n’est plus une frontière.

Dans la série Herbarium, les visages de la Sainte-Marie se couvrent de menthe poivrée, absinthe ou encore estragon. Le végétal est inscrit sur la peau avec une aiguille. Par ce geste, la représentation d’un élément naturel sur un objet sacré, mêle et confond les sphères symboliques, culturelles et naturelles.

Sur son socle, la sculpture de la série Aquatilium de Golnaz Behrouznia convoque le monde de la biologie et des sens. Elle s’inscrit à mi-chemin entre les sciences et l’art, le réel et le fantasmé, le passé et le futur. Énigmatique, une forme altérée se dessine au sein de la paroie en gélatine. Les détails du volume en matières souples et molles, peuvent faire penser aux poils d’un corps organique, avec des formes renvoyant à celles de la nature microscopique, à la chimie, ou encore à des éléments de fictions. Cette pièce évoque le rôle essentiel de l'observation du monde du vivant.

Dans son ouvrage Manières d’être vivant, Baptiste Morizot parle de “crise de sensibilité [...] un appauvrissement de ce que nous pouvons ressentir, percevoir, comprendre, tisser comme relations à l’égard du vivant”. Vies Nouvelles explore de nouveaux mondes où entités énigmatiques et figures de symbioses avec le végétal nous reconnectent au sensible, aux signes des autres formes de vie.

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