Mensonges c’est songes

27.09 - 8.10.2022

Communiqué de presse

Dossier de l’exposition

Vue de l'exposition @ Axel Fried

Men/songes c’est songes

Les images mentent ou, du moins, elles ne sont jamais ce qu’elles semblent être.

Songer aux oeuvres, c’est arriver à les oublier pour se les remémorer une fois seul·e·s, dans l’errance d’une rêverie. Songer aux oeuvres, c’est les regarder comme si nous les hallucinions, la nuit. Elles existent avant tout comme des images rêvées ; sans nos rêves, elles ne seraient que des matières fongibles et consommables. Il est 7H30 pendant que j’écris, le jour ne n’est pas encore levé, mon état est encore celui de la nuit, prêt pour les délires, les soucougnans et les sorcières.

Je m’imagine entrer dans les images de Longjun Zhang — l’artiste qui peint la nuit. Je vois des corps effacés, bleutés, esseulés dans un huis clos, une série de visages, tranchés par le cadre, que l’on ne voit pas vraiment. Et puis, comme pour conjurer les douleurs d’une île qui est devenue un asile — non plus un retranchement mais un confinement —, il peint des paysages posés à la main. Les vents soupiraient dans le huis clos, ils soufflent maintenant dans l’étendue.

Pas très loin, gît les matières de Sarah Krespin, qui respirent. Tissages ou papiers mâchés, le tout semble tenir entre la conservation et le périssement. On dirait la surface d’un drap qui, sous les reflets de la lumière, nous apparaît comme une image infiniment changeante. Tisser, ce n’est pas garder tel quel mais plutôt laisser filer le feu d’une durée, continuellement différente.

Le jour approche pendant que j’écris…

Au bout du songe, Hermine Bourdin, le monde devient pour elle un terrain nouveau, fantasme de nouvelles formes et grandeurs, où la terre s’entremêle et le numérique se révèle réel. On nous annonce parfois les univers virtuels comme plus réels que le réel, comme si lui-même n’était qu’un songe au final…

Nulle contradiction entre « réel » et « songe », nous vivons dans un monde qui est bien plus halluciné, bien plus fabulé, et bien plus irrationnel, que la plupart de nos rêves. Les images des artistes ont donc leur mot à dire, non pas pour commenter l’image-matière du réel, mais pour la révolutionner.

Les oeuvres, parfois, peuvent être des anarchies…

Après la nuit, le jour peut maintenant venir, recouvrir l’espace de sa vraisemblance…

Chris Cyrille, Critique d’art

 
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Jonathan Bréchignac